La coccinelle asiatique, découverte en Suisse depuis 2014, menace les espèces indigènes. Cet insecte a été identifié dans dix cantons, selon la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Cabi Europe-Switzerland à Delémont.

La coccinelle asiatique, originaire du Japon et de la Chine, se répand rapidement dans toute l’Europe, a indiqué la station de recherche ART dans un communiqué hier. Cette espèce, vorace et facile à élever, est utilisée depuis les années 1980 par plusieurs pays européens pour lutter biologiquement contre les ravageurs.

Des demandes pour utiliser cet insecte en Suisse avaient été déposées au milieu des années 1990. Elles avaient été repoussées, a indiqué Dirk Babenfreier de la station ART.

On trouvait ces insectes dans les serres avant qu’ils se répandent dans la nature. Les premières coccinelles asiatiques en liberté ont été observées en Allemagne en 1999 et en 2000. L’insecte s’est ensuite implanté aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en France et au Luxembourg.

Ces coléoptères sont entrés en Suisse l’an dernier: les scientifiques de la station ART et de Cabi en ont découvert dans dix cantons alémaniques, particulièrement à Bâle et ses alentours (BS, BL, ZH, BE, LU, SG, AG, TG, SH et SO). Dans certaines régions, la nouvelle espèce, relativement résistante aux pesticides, est parfois plus répandue que les mêmes insectes d’origine locale.

La coccinelle suisse compte sept points sur ses élytres contre 19 pour la coccinelle asiatique. Leur taille est similaire, mais les couleurs de l’insecte d’outre-mer peuvent être très variables. Pour les scientifiques, il n’est plus possible de stopper l’installation de ces insectes. Ceux-ci ne mangent pas seulement les pucerons, mais aussi les ?ufs de papillons, ainsi que d’autres insectes et les larves de coccinelles indigènes. Selon l’expérience américaine, l’insecte a supplanté les espèces locales. Le coléoptère pourrait aussi devenir un problème pour les producteurs de fruits et les vignerons, car les coccinelles se rassemblent entre les fruits et les baies et sont ramassées en même temps que la récolte, ce qui peut donner très mauvais goût aux jus et aux vins.

Cet insecte pourrait également devenir un hôte indélicat dans les maisons. Il a l’habitude de s’agréger par milliers sur les murs des habitations en automne, car il cherche à passer l’hiver dans les rainures et les interstices des parois.

 

Les coccinelles sont de véritables machines à tuer

La coccinelle ne se prélasse pas dans le gazon à butiner les fleurs du printemps. Non, son unique obsession est manger des pucerons, toujours plus de pucerons. Un adulte est ainsi capable de dévorer plus d’une centaine de pucerons par jour, ce qui représente au moins deux fois son poids en nourriture. Et c’est pire pour la larve qui ingurgite pas loin de 250 pucerons par jours…  Surtout, l’arrivée massive des espèces asiatiques promet des heures sombres pour leurs victimes car les cousines d’Asie sont encore plus voraces.

Les coccinelles n’ont pas peur de mordre

Pendant l’hiver, les coccinelles se réfugient dans les maisons, tapies par centaines près des fenêtres à épier les discrètement les occupants. Au moindre coup de chaleur, elles sortent toutes à l’extérieur et le moindre coin de jardin peut devenir un enfer où des milliers de bêtes cherchent désespérément à se nourrir. Et elles n’hésitent à gouter la chair humaine. Evidemment, la morsure n’est pas bien méchante mais suffisante marquée pour provoquer un écrasement reflexe.

Toujours aussi “mignonnes” ?
Non seulement les coccinelles sont polygames mais elles se transmettent aussi des MST.

L’autre obsession des coccinelles, après le repas, c’est la reproduction. Une coccinelle peut pondre jusqu’à 2500 œufs durant sa courte vie, qui dépasse rarement une année. Surtout, il n’est pas rare que la même couvée ait été fécondée par au moins trois mâles différents (voire plus). Une autre spécificité de la vie sexuelle de ces insectes est le parasite que ces bêtes se transmettent par la reproduction. En d’autres termes, une MST mortelle, causée par le Coccipolipus hippodamiae, une petite larve microscopique.

Les coccinelles ont des pulsions cannibales

L’alimentation est définitivement la première préoccupation des coccinelles et les insectes n’hésitent pas à se gaver de leurs congénères si l’idée leur vient à l’esprit. La cible préférée de ce cannibalisme est la larve sans défense qui finira ingérée par une grande sœur. Et les nouvelles espèces asiatiques n’hésitent pas non plus à attaquer les coccinelles européennes avec une méthode particulièrement atroce. Pour manger, les coccinelles injectent dans leur corps de leur victime un suc digestif qui va réduire en bouillie la chair de la proie. Puis, elle n’a plus qu’à aspirer la “soupe.”

Avaler des coccinelles pourrait provoquer un ulcère à l’estomac

Les couleurs très “flashy” des coccinelles n’ont rien d’un hasard. Le rouge, le jaune ou l’orange sont autant d’avertissements pour les prédateurs de leur toxicité. Le liquide jaunâtre qu’elle laisse sur les doigts est d’ailleurs un concentré de toxines. On ne sait pas exactement d’où vient ce poison mais la consommation de certaines plantes pourrait en être la cause. Toujours est-il que dévorer des coccinelles ne devrait pas avoir d’effet sur un homme. A moins d’en ingurgiter une quantité phénoménale, alors cela pourrait provoquer un ulcère à terme. Aux Etats-Unis, il a été observé quelques cas d’allergie à cette toxine, provoquant des crises d’asthme.

Les coccinelles nous font croire que leur âge est inscrit sur leur dos

Voilà une légende tenace (probablement véhiculée par les coccinelles elles-mêmes). En vérité, le nombre de points sur les ailes des coccinelles n’indique absolument pas le nombre d’années de l’insecte. Certaines ont jusqu’à 24 points, ce qui en ferait surement les insectes les plus vieux de l’histoire. D’autres n’en ont pas du tout, ce qui serait problématique pour leur existence même.

La petite bête qui galope dans votre cou n’est peut-être pas une coccinelle…

Forcément, la confiance aveugle que les hommes ont développée envers les coccinelles n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Un autre petit animal a copié trait pour trait la coccinelle : dos rond, couleur rouge, points noirs… La Paraplectana tsushimensis lui ressemble effectivement. Sauf que c’est une araignée. Dans le doute, mieux vaut s’abstenir d’approcher d’une coccinelle.

Faut-il s’inquiéter des coccinelles asiatiques si on a un chien?

La réponse du Dr Frédéric Sauvé, dermatologue vétérinaire et clinicien au Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV) de l’Université de Montréal dans un article disponible ici.

La coccinelle asiatique se répand en Europe et en Suisse
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