Procès à Vevey  21 décembre 2018

par Yannick Weber – Deux boxers ont attaqué et mordu des passants. Leur propriétaire ne retournera pas derrière les barreaux.

«Monsieur, vous n’avez aucun respect pour l’autorité judiciaire.» Ce constat a été tiré par la présidente du Tribunal de l’Est vaudois, mercredi, à l’issue du procès d’un homme dont les compagnons à quatre pattes ont agressé des passants à une douzaine de reprises. Malgré une interdiction de posséder des chiens, le septuagénaire a récidivé.
La compagne du condamné a gardé un des chiens. Le deuxième a été confié à un tiers.
(Photo: Wikimedia / Boxnaban Oussin Thierry)

Pas de prison, de justesse

La procureure avait requis une peine de prison ferme. «Une peine pécuniaire ne le dissuadera pas. L’argent n’est pas une sanction qui fonctionne pour lui», a-t-elle estimé. Finalement, le sursis a été accordé de justesse par la Cour. Mais sous conditions. «Si vous détenez une nouvelle fois un chien à l’avenir, c’est retour à la case prison», a averti la présidente. Il a été condamné à 12 mois avec un sursis d’une durée de 5 ans.

La décision n’a pas manqué de provoquer la colère d’une des victimes, présente lors du procès, qui souhaitait elle aussi que l’homme soit enfermé. A la sortie de l’audience, elle a exprimé son inquiétude, s’adressant pour la première fois directement à l’ancien proprio des chiens qui l’ont attaquée. «Et donc, dans deux semaines, on vous revoit dehors avec vos chiens?» a-t-elle lancé.

«Il attacherait les passants plutôt que ses chiens»

L’agression qu’elle avait subie lui a laissé de nombreuses séquelles physiques. En février 2017, alors qu’elle était en plein jogging à Yvorne (VD), les deux molosses l’ont approchée et mordue, sans que le propriétaire ne parvienne à maîtriser les boxers. Pire, alors qu’elle avait trouvé refuge dans sa voiture, l’homme s’était approché, avec l’un des deux chiens agresseurs, pour tenter de s’excuser. La victime avait alors pris la fuite, apeurée. «C’était maladroit, imbécile, mais il a essayé de faire quelque chose», a résumé la présidente, ne retenant pas la charge d’omission de porter secours.

Mais la procureure, l’avocat de la victime et les juges se sont accordés sur un point: l’homme tient plus à la liberté de ses chiens qu’à l’intégrité physique des humains. «S’il avait le choix entre attacher ses chiens et attacher les passants, il est fort probable qu’il choisisse la deuxième option», a illustré la procureure. Pour sa défense, le septuagénaire a expliqué que les victimes étaient souvent fautives, «à cause d’un comportement inapproprié.», Depuis la dernière attaque, il dit avoir renoncé à posséder des chiens: «C’est un gros sacrifice pour moi.»

La peine dont il écope reste lourde. A la moindre infraction future, ou s’il est pincé en présence d’un chien, il retrouvera la prison qu’il avait occupée deux mois en détention préventive (lire encadré). En plus d’une amende, il aura à sa charge plus de 11’000 fr. de frais de justice, et devra purger une lourde peine pour un précédent délit pour lequel un sursis a été révoqué. La victime, quant à elle, touchera 5000 fr. d’indemnités pour tort moral.

Si on vous revoit avec un chien, retour en prison!
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