Neuchâtel 30.04.2017

A Cressier (NE), les toutous ne pourront bientôt plus accéder à quatre parcelles d’un parc en raison des déjections laissées sur place. La faute aux propriétaires, dénoncent les autorités. Un cas banal qui témoigne de la cohabitation parfois difficile en milieu urbain.

L’affaire fait grand bruit. De la petite commune de Cressier dans le canton de Neuchâtel d’où elle est partie, elle s’est vue d’abord relayée dans les colonnes de l’Express puis du Matin Dimanche . Il faut dire que le sujet est brûlant puisqu’il touche au meilleur ami de l’homme: j’ai nommé le chien et… ses crottes.

Lassé de voir un parc où défilent enfants du village et jeunes mariés pour immortaliser leur union souillé par les crottes de chiens, l’élu en charge de la Police Joël Boulogne a décidé d’interdire l’accès à quatre parcelles. La décision, qui sera effective dans quelques jours, passé le délai référendaire, a été prise à contre-cœur avec ses collègues de l’Exécutif, regrette-t-il. Mais après de nombreux avertissements restés lettre morte, la commune a dû se résoudre à amender les futurs contrevenants de 150 à 200 francs et d’interdire l’accès.

A Cressier aurait-on une dent contre les chiens? «Absolument pas, se défend Joël Boulogne. J’en ai moi-même eu et la majorité d’entre eux se comportent bien. Ce ne sont pas les chiens qui posent problème mais leurs maîtres.»

La cohabitation en milieu urbain n’est pas toujours une sinécure. Entre les amendes atteignant parfois des sommets pour une crotte ou un pipi et les comportements parfois limites de certains maîtres, les occasions de frictions sont nombreuses. «Il faut trouver un juste équilibre, enjoint Marie Majkowiez, présidente de l’Union romande des propriétaires de chiens. Reste à espérer que Cressier l’atteigne.

«Les propriétaires doivent respecter les règles de la vie en société»

Une commune qui décide d’interdire des espaces verts aux chiens, cela vous choque?

Cela m’attriste plus que cela me choque, mais bien évidemment tout dépend du contexte et il est normal que certains espaces verts, qui font l’objet d’un soin particulier, comme les plates-bandes ou des aires réservées aux enfants, soient interdits aux chiens. Je suis choquée à partir du moment où ces interdictions s’étendent au point de rendre les promenades difficiles pour certains propriétaires, notamment pour les personnes âgées ou celles qui n’ont pas la possibilité d’aller en forêt ou ailleurs pour permettre à leur chien de s’ébattre. Dès lors, ils ne sont plus en mesure de respecter la législation en vigueur concernant la protection des animaux.

Les propriétaires de chiens qui ne respectent pas les règles élémentaires du vivre-ensemble, n’est-ce pas tout aussi choquant?

Bien sûr que c’est tout aussi choquant, mais ces cas ne concernent toutefois qu’une toute petite minorité de propriétaires et leur grande médiatisation fait malheureusement du tort à beaucoup de monde. Notre association est très claire à ce sujet: nous demandons à nos membres d’avoir un comportement exemplaire, non seulement vis-à-vis de leur chien, mais aussi vis-à-vis de la vie en société dont ils doivent respecter les règles.

Amender de plusieurs centaines de francs les propriétaires qui ne ramassent pas les crottes de leur chien, c’est normal?

Oui, car si nous en sommes là, c’est parce que les situations conflictuelles se multiplient. Imaginez juste ce qui arriverait si personne ne ramassait ces crottes! C’est un comportement qui n’a tout simplement pas lieu d’être lorsqu’on vit en société.

Il y a donc des gens qui ne sont pas faits pour avoir des chiens?

La question est difficile, car une interdiction serait liberticide, mais il est clair que quelqu’un qui n’est pas prêt à appliquer l’adage qui dit que la liberté de chacun s’arrête là où commence celle d’autrui ne devrait pas prendre de chien.

D’un autre côté, certains déplorent que les espaces de liberté se réduisent en milieu urbain. Les chiens n’ont vraiment nulle part où aller s’ébattre?

Le fait est que nous devons tous vivre ensemble et par conséquent partager l’espace. Il est normal que les gens ne puissent pas aller se balader en ville avec tous leurs chiens en liberté. Il faut être réaliste: lorsqu’on prend un chien en milieu urbain, on ne peut pas exiger les conditions de la campagne.

Il y a donc un peu de parano chez certains propriétaires?

Je ne pense pas. En revanche, on peut affirmer sans se tromper qu’il existe un réel acharnement sur les chiens lorsqu’il s’agit de les utiliser contre leur propriétaire. On le constate notamment dans les conflits de voisinage où lorsque deux locataires ne s’entendent pas, les aboiements du chien ou son manque de propreté sont souvent pointés du doigt. Cela donne aux propriétaires le sentiment d’un acharnement général et beaucoup vivent dans une certaine méfiance.

Où se trouve la solution?

Dans un équilibre entre les deux parties. Les autorités publiques doivent considérer les intérêts des propriétaires de chiens et le bien-être de l’animal, car ce dernier représente une compagnie précieuse pour de nombreuses personnes qui se trouvent dans une situation difficile. Le problème est que nous vivons dans une société qui a tendance à basculer dans les extrêmes, alors que le vivre-ensemble exige de trouver une solution médiane. Mais je reste persuadée qu’avec du bon sens et de la bonne volonté, il est possible de cohabiter harmonieusement.

Textes: © Migros Magazine | Viviane Menétrey

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À cause de leurs crottes, les chiens sont bannis de certains parcs neuchâtelois
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