23.09.2016 Genève

«Gun», le berger allemand de la police genevoise, appartient au cercle très fermé des chiens d’investigation criminelle. Sa spécialité: le repérage de corps immergés.

Il s’appelle «Gun», «parce que ça sonne bien». Le berger allemand de 5 ans est le premier de la police genevoise à avoir passé son examen de chien d’investigation criminelle (CIC). Sa mission: flairer, détecter, suivre les traces de sang, les odeurs de cadavres, sur terre comme sous l’eau, autrement dit, sur n’importe quelle scène de crime.

L’histoire de l’animal et de son maître, Nicole, se mélange à celle, tragique, de Lucie et Gérald Gumy, qui ont perdu leur fils, Johann, il y a 8 ans. Ce 18 mai 2008, le jeune homme de 22 ans était parti en ULM, accompagné, pour effectuer des prises de vues aériennes. Le pilote volait trop bas: il a heurté une ligne électrique avant de s’écraser près de Contamine-sur-Arve, en France voisine. Seul Johann a trouvé la mort. Il a fallu près d’un an pour retrouver l’un de ses membres, en l’occurrence un pied, dans un Ranger.

Lucie et Gérald Gumy ont voulu faire de leur douleur «quelque chose de positif». Et c’est ainsi qu’ils ont parrainé la formation de «Gun», le premier collaborateur canin d’investigation criminelle du canton.

Chaque jour, Nicole, 26 ans de «grande maison», s’occupe du berger allemand. Entre la policière et l’animal règne une véritable complicité. «Une fusion authentique et forte, constate le capitaine Pascal Brahier, responsable des unités spéciales, ajoutant que chaque conducteur de la brigade possède un contact privilégié avec son animal, lequel a une place importante au sein de la famille. Le chien appartient à son maître et vit 24 heures sur 24 dans un cadre familial posé et sain», poursuit ce dernier.

Expert en eau trouble

Comme les quinze autres chiens de sa brigade, «Gun» sait suivre une piste, retrouver des personnes et des objets. Mais sa spécialité à lui, c’est la recherche de cadavres, en particulier immergés. Ils ne sont que trois chiens experts en la matière en Romandie, huit en Suisse. «On travaille avec la brigade criminelle, la police technique et scientifique», précise Nicole, Valaisanne d’origine «et de cœur», confie-t-elle avec un sourire. Les odeurs des vivants ou des morts ne sont pas les mêmes: «Dans l’eau, les effluves des corps remontent en fonction de la température, du courant et du vent.»

En mission, «Gun» travaille surtout sur les cours d’eau, les étangs, posté à l’avant du bateau. Il ne nage pas mais sait très bien se faire entendre lorsqu’il a flairé une odeur. Après, c’est le travail des plongeurs de la brigade de la navigation qui se chargent de la suite des investigations. Nicole insiste: «Dans les enquêtes, le chien vient vraiment en complément.» «Gun» et Nicole ont récemment été engagés sur une affaire de meurtre, en Suisse alémanique, avec des collègues. «Il s’agissait de couvrir une grande surface de recherches», résume-t-elle, l’enquête étant encore en cours.

Nicole et «Gun» s’entraînent quotidiennement. Au travail comme dans la vie de tous les jours. Au bord de l’Arve, près de l’Hôtel de police des Acacias, le chien doit retrouver des microgouttes de sang, invisibles à l’œil nu. La policière délimite avec ses bras un secteur à explorer. Le chien se met «en recherche piste» comme on dit dans le jargon. Il bat de la queue, flaire le sol. Soudain, il se fixe. Ça y est, il a trouvé. Du coup, il se couche en position du sphinx pour signifier sa mission réussie. Nicole le récompense avec un morceau de cervelas ou une croquette. «C’est un jeu pour lui», poursuit-elle. Un jeu qui peut sauver des vies ou, tout le moins, permettre à des familles de faire leur deuil.

(Le Matin)

Formation – Le chien qui détecte les cadavres
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