Pourquoi le septuagénaire dont deux chiens ont attaqué une joggeuse à Yvorne est toujours derrière les barreaux.

«J’ai demandé sa libération, elle a été refusée.» Même si cela paraît difficile, Me Fabien Mingard se démène pour faire sortir de prison le septuagénaire placé en préventive pour deux mois à la suite de l’attaque par ses deux boxers d’une joggeuse, en fin d’après-midi du 17 février, sur un site prisé des promeneurs à Yvorne. Renversée, mordue à plusieurs reprises aux jambes et à un bras, cette quinquagénaire avait été conduite au CHUV.

Le détenteur des chiens avait quitté les lieux, mais il avait été rapidement interpellé grâce aux recherches de la brigade canine de la police cantonale, et les molosses placés en fourrière pour évaluation comportementale. Plainte pénale a été déposée. L’homme risque une condamnation pour lésions corporelles par négligence ainsi que pour omission de prêter secours.

Si le Ministère public a demandé et obtenu que ce retraité soit immédiatement mis en détention, chose rarissime dans ce genre d’affaire, c’est à la fois pour éviter qu’il ne s’enfuie avant d’être jugé – il est certes ressortissant suisse mais il possède aussi un domicile en Italie –, et pour prévenir un risque de récidive. De fait, la récidive est l’aspect le plus préoccupant dans ce dossier.

Le Tribunal cantonal vient de rendre public un arrêt du 1er mars par lequel il rejette un recours déposé par l’intéressé avant les événements de février. Le retraité contestait l’interdiction qui lui a été faite par le vétérinaire cantonal en novembre 2015 de détenir un chien de plus de 10 kilos ainsi que les conditions à remplir pour en avoir un nouveau. Il contestait son incapacité à détenir un tel animal, affirmant être parfaitement en mesure de maîtriser un grand chien.

Cette décision de justice recense les multiples épisodes de morsures de ses molosses qui ont jalonné le parcours de l’intéressé depuis 2012 et ont occupé la justice à divers degrés.

Au moins sept agressions

Cela commence en septembre 2012, lorsqu’un chien pince avec une incisive supérieure la main droite d’un promeneur qui s’était approché de lui, le blessant légèrement. Le maître explique que l’animal voulait jouer, que son épouse avait averti la victime de faire attention. Trois semaines plus tard, le même boxer poursuit et mord à la cuisse un enfant de 9 ans qui faisait du jogging avec son père. Souffrant d’une perforation, la victime est conduite à l’hôpital. Réponse du détenteur: la victime avait crié, s’était enfuie et avait été poursuivie par le chien.

Le mois suivant, c’est un ado à vélomoteur qui est poursuivi, se fait attraper à la cheville et qui chute. Et ça continue: en décembre de la même année, le chien, toujours le même, non tenu en laisse, mord un passant, lequel est conduit à l’hôpital. Et rebelote le dernier jour de l’an, quand le boxer saute par-dessus le grillage de la propriété et s’en prend à un autre passant. La série se poursuit en 2013. En mars, c’est une cycliste de 69 ans qui en fait les frais et récolte de multiples lésions. Le vétérinaire cantonal ordonne alors le séquestre du boxer, mais le détenteur l’emmène en Italie.

Plus tard, en 2015, c’est un autre de ses boxers, du moins selon ses affirmations, car l’animal répond au même nom que celui censé être en Italie, qui attaque une femme pratiquant la course à pied, la mord plusieurs fois à une jambe au point de devoir transporter la victime à l’hôpital. Placé en fourrière, l’animal s’en prendra à un gardien d’animaux avec tant de fougue que le vétérinaire cantonal ordonnera l’euthanasie immédiate.

L’accident à Yvorne met en doute la crédibilité de cet homme qui demandait en 2015 de prouver, par le moyen d’une expertise comportementale, qu’il est apte à détenir un chien de garde. Ce jour-là, il en avait deux sous sa responsabilité. Et s’il n’en était pas légalement le propriétaire, comme il l’a affirmé, le Tribunal cantonal rappelle que «selon la définition légale, toute personne ayant la garde d’un chien en est le détenteur. En cas d’agression, il est prévu que tout détenteur dont le chien a blessé une personne ou un animal par morsure doit porter secours à cette personne ou cet animal et annoncer l’incident au service ou au poste de police le plus proche». (24 heures)

Pour ou contre l'euthanasie des chiens dangereux dans les refuges ?

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Les multiples récidives du maître des boxers mordeurs
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